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Galerie Apollinaire

Paul Verlaine, poète maudit

Fugoa vous présente une sélection de 3 des 7 poèmes de publiés de décembre 2006 à mai 2007 dans le cadre de l'exposition "Paul Verlaine, poète maudit" à la galerie Apollinaire

 

Le ciel est par-dessus le toît ...
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu’on voit
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà
De ta jeunesse ?
Paul Verlaine

 

Paul Verlaine, poète maudit

"Poète maudit", c’est ainsi que les critiques littéraires ont défini un certain nombre d’auteurs qui, on disait d’eux qu’ils sentaient le soufre, avaient un comportement de vie sociale contraire aux bonnes mœurs.

Il est né à Metz, le 30 mars 1844. Son père est officier et il le suivra de garnison en garnison. Bon élève jusqu’à l’âge de quatorze ans il connaît une crise terrible d’adolescence dominée par le doute sur l’utilité même, d’être.

A vingt-cinq ans, le 14 août 1870, il se mariera avec Mathilde Mauté de neuf ans sa cadette. Mais Verlaine est un drogué. L’alcool. Il passe des soirées de beuverie d’absinthe. La « verte » provoque chez lui des colères folles. N’a-t-il pas failli étrangler sa femme enceinte ? Même violence avec le petit Georges, son fils. Puis ce sera la rencontre avec Arthur Rimbaud. Ils deviendront amants. Verlaine, la « vierge folle » ; Rimbaud, « l’époux infernal » du recueil : une saison en enfer (A. Rimbaud 1872) s’enfuiront vers la Belgique pour connaître la liberté. Mais le 10 juillet 1873 ce sera le drame. Après un court séjour à Londres, revenus à Bruxelles, Verlaine qui a décidé de rentrer à Paris avec sa mère, venue le chercher, refuse à Rimbaud ce retour dans la capitale. Acte passionnel ? Paul Verlaine tirera deux fois, deux balles de 7 mm sur son ami Arthur qu’il blessera légèrement à la main ! Il le remenacera près de la gare. Mais cette fois la police s’en mêle. Verlaine écopera de deux ans de prison effectués à Bruxelles et à Mons.

Les deux amants se reverront à Stuttgart un quatorze février 1875 durant deux jours. Puis ils ne se reverront plus. Verlaine n’aura pas renoncé à la verte. Celle-ci le rend fou. Il s’en prend à ceux qu’il aime et plus particulièrement à sa mère. Il faudra l’emprisonner en 1885. Il mourra, presque vagabond, à Paris un 8 janvier 1896. Il n’avait que cinquante-deux ans. Il repose au cimetière des Batignolles (17e arrondissement) sous une simple dalle gravée : Paul Verlaine 1844-1896- Poète.

Les poèmes que nous vous avons proposés vous permettent, nous le souhaitons, d'apprécier le génie poétique de Verlaine, mais surtout sa sensibilité et la musique qui jaillit de vers souvent très courts. Ange ou démon ? Paul Verlaine c’est surtout la souffrance d’un homme qui voulait tant aimer et être aimé.

Claude Bernard

 

Ariettes oubliées Clair de lune
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
O le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine.

O triste, triste était mon âme
A cause, à cause d’une femme.

Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon cœur s’en soit allé,

Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.

Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s’en soit allé.

Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,

Est-il possible, - le fût-il, -
Ce fier exil, ce triste exil ?

Mon âme dit à mon cœur : Sais-je
Moi même, que nous veut ce piège

D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés ?
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques,
Jouant du luth, et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.
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